28 mai 2025

Marchés et stratégies

Cartographie des échanges commerciaux mondiaux (à fin mars 2025)


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La part du commerce international de biens et services dans le PIB mondial n’a cessé d’augmenter depuis 50 ans passant de 20% dans les années 1970 à 51% en 2008. Mais depuis la grande crise financière, ce ratio s’est stabilisé, oscillant entre 40% et 50%. Le système multilatéral des échanges internationaux basé sur des règles communes à tous les pays mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale était contesté depuis de nombreuses années. Le libre-échange, qui devait stimuler la croissance aux bénéfices de tous, n’a certainement pas tenu toutes ses promesses. La désindustrialisation de nombreuses régions en Europe et aussi aux Etats-Unis a conduit à la paupérisation de leur population. La nouvelle administration américaine semble avoir décrété la fermeture de ce système. L’étendue des multiples bouleversements que cela provoquera sur les différentes économies est encore difficile à évaluer avec précision à l’heure actuelle.


Rappel de quelques dates clé du développement du système actuel de commerce mondial

Le système actuel des échanges internationaux est né en 1947 avec la signature de l’Accord général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce (GATT) remplacé en 1995 par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ce système était basé sur le multilatéralisme et la coopération économique entre pays, et visait à établir des règles et normes communes afin de promouvoir les échanges internationaux. Il a permis un développement sans précédent du commerce international. Entre 1980 et 2023, le volume du commerce international a été multiplié par 7,9 tandis que le PIB mondial a été multiplié par 4,2.


La lente montée de la contestation du système actuel des échanges multilatéraux

La fronde contre la mondialisation a commencé bien avant l’élection de Donald Trump en novembre 2024. L’échec du cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha de l’OMC en 2006 qui visait essentiellement à accentuer la libéralisation du commerce de produits agricoles était un des premiers signes de cette fronde. Le référendum anglais en faveur du Brexit en 2016 en est aussi une manifestation démontrant que même au niveau régional l’intégration n’était pas irréversible. La hausse des droits de douane lors de la première administration Trump (2017 – 2021) a été une nouvelle étape dans la montée en puissance de cette fragmentation. La pandémie du Covid 19 et la guerre en Ukraine ont mis en évidence les risques d’une trop forte interdépendance des chaînes d’approvisionnement et de production. L’annonce de la nouvelle administration américaine d’imposer à ses partenaires commerciaux de nouveaux droits de douane à des niveaux sans précédent depuis les années 1930 pourrait conduire à une profonde reconfiguration du système de commerce international tel qu’il avait été mis en place après la 2e guerre mondiale.


Inventaire actuel des échanges internationaux de biens 

En 2023, les plus importants exportateurs étaient la Chine ($3,42T), les Etats-Unis ($1,86T), l’Allemagne ($1,57T), le Japon ($766B) et la Corée du Sud ($645B). Les plus importants importateurs étaient les Etats-Unis ($3T), la Chine ($2,19T), l’Allemagne ($1,38T), la France ($773B) et le Japon ($757B). Les produits les plus échangés étaient le pétrole brut ($1,28T), les voitures ($976B), le pétrole raffiné ($931B), les circuits intégrés ($910B) et les équipements de télécommunication ($619B).  


PIB MONDIAL


Mise en cause du fondement même de la mondialisation du commerce

La dissolution de l’URSS en 1991 et l’adhésion de la Chine dans l’OMC en 2001 avaient été deux puissants facteurs d’intensification du commerce international. Avec sa formule célèbre « Wandel durch Handel » (le changement à travers le commerce) l’ancien chancelier allemand Willy Brandt avait parfaitement illustré le fondement politique du libre-échange qui devait, grâce à la libre circulation des marchandises, des services et des personnes, rapprocher les peuples. Le concept des avantages comparatifs attribué à l’économiste David Ricardo au début du 19e siècle constituait le fondement économique du système actuel des échanges internationaux. Selon ce concept de spécialisation des pays, les chaînes de valeur devaient être implantées dans le ou les pays qui présentaient le coût d’opportunité relatif le plus faible. Cette période d’interconnexion croissante des économies semble aujourd’hui toucher à sa fin. Il est difficile de savoir à l’heure actuelle quel régime remplacera in fine le système actuel. Une plus forte régionalisation des échanges sera probablement l’issue la plus favorable.


Sources: Observatory of Economic Complexity (OEC); INSEE: L’essentiel sur la mondialisation Mars 2025; COFACE : La mondialisation fragmentée (février 2025)

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