24 juillet 2024

Investissement responsable

France : baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2023

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Bonne nouvelle : selon le dernier rapport du CITEPA (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique), l’organisme en charge d’établir chaque année un inventaire national des émissions de gaz à effet de serre (GES), les émissions territoriales ont baissé en France de 5,8% en 2023 par rapport à l’année précédente. C’est la troisième plus forte année de réduction après 2020 (- 9% en raison du covid-19) et 2014 (-6,6% en raison d’un hiver exceptionnellement doux). Le recul par rapport à 1990 est de presque un tiers.



Evolution des émissions de GES depuis 1990


Au total, hors importations, les activités sur le territoire français ont émis 373 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) en 2023 contre 396 MtCO2e en 2022. Ce niveau est inférieur au niveau le plus bas jamais enregistré en 2020 (389 MtCO2). Ramenées au nombre d’habitants, elles passent de 5,5 tCO2e/habitant à 5,2 tCO2e. 

Après un plateau relatif entre 1990 et 2005 (cf. graphique ci-dessous), la réduction des émissions de CO2 suit une tendance assez régulière de l’ordre de moins 2% l’an. Cependant, pour atteindre 268 MTCO2e en 2030, l’objectif conforme au Pacte vert, il faudra encore doubler le rythme de baisse entre 2023 et 2030. 


Les émissions de GES par secteur

Pour la première fois, tous les secteurs émetteurs enregistrent en 2023 une baisse. Elle est la plus forte dans la production d’énergie (-18%) en raison d’une hausse de la production nucléaire. De nombreux réacteurs ont pu reprendre leur activité après un arrêt en 2022. La production d’énergie renouvelable a aussi augmenté significativement. La consommation d’électricité a continué par ailleurs de diminuer dans un contexte d’inflation persistante. 


Les émissions de GES des bâtiments, principalement liées à l’usage des énergies fossiles pour le chauffage, se sont repliées de 6% grâce à la sobriété des ménages et des entreprises mais aussi en raison d’un hiver doux.

Le transport, secteur le plus polluant avec 34 % des émissions nationales, a lui aussi enregistré un recul de 3 %. Ce résultat reste pourtant largement insuffisant car ses émissions dépassent toujours, en 2023, le niveau de 1990. Plusieurs effets se sont combinés : le renouvellement du parc avec des véhicules moins polluants, en particulier des véhicules électriques, et la sobriété des conducteurs à cause d’un prix à la pompe toujours élevé. Le bilan est plus contrasté pour le secteur aérien. La suppression de certains vols intérieurs (de moins de deux heures) a fait baisser les émissions du trafic domestique, mais les émissions de GES des vols internationaux accusent une forte hausse de 16 %.

L’agriculture, deuxième secteur le plus polluant (19,6 % des émissions en 2023) a vu ses émissions reculer de 1,6 % en raison d’une diminution du cheptel bovin et porcin et la réduction des apports d’engrais.

Enfin, l’industrie, troisième secteur le plus émetteur de GES avec 17,4 % du total, a vu ses émissions baisser de 9 % sous l’effet d’un recul de la production industrielle.


GES
 


Les puits de carbone en difficulté

Cette baisse des émissions en 2023 a ainsi, non seulement des causes conjoncturelles mais également structurelles. En parallèle des émissions des autres secteurs, le secteur de l’utilisation des terres et des forêts représente un puits net de carbone qui permet de séquestrer du CO2 dans la biomasse et les sols. Estimés à environ 45 MtCO2 en moyenne par an dans les années 2000, ces puits se sont considérablement réduit à 21 MtCO2 en 2023. Du fait de l’absence d’actions d’adaptation aux impacts du changement climatique, les massifs forestiers ont ainsi perdu plus de la moitié de leur capacité de séquestration du CO2 au cours des 15 dernières années.

Le rythme de réduction observé entre 2005 et 2023 a été d’environ 2 % en moyenne par an. Pour atteindre l’objectif de 268 MtCO2e en 2030 (baisse de 50 % par rapport aux émissions de 1990) , il faudra donc plus que doubler l’effort de réduction à 4,6 % l’an pour tenir compte de la baisse du pouvoir de séquestration des puits de carbone.


Sources : CITEPA Inventaire 2023 Rapport Secten édition 2024


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