05 mai 2025
La baisse des émissions de CO2 de la France marque le pas en 2024
Le CITEPA (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique), l’organisme chargé du calcul de l’inventaire des émissions de la France, a publié le 28 mars une première estimation des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France pour l’année 2024. Les émissions ont poursuivi leur trajectoire de baisse, mais de façon bien plus faible qu’en 2023. En effet, après avoir enregistré un recul de 5,8 % en 2023 par rapport à 2022, elles ne reculent plus que de 1,8 % en 2024 par rapport à l’année précédente.
Tendance générale des émissions de GES en 2024
Les émissions du pays ont atteint en 2024 366 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt éq CO2). Il s’agit du niveau le plus bas atteint depuis 2015. Cette mesure tient compte à côté du dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre (GES), des 6 à 7 autres GES comme le méthane (CH4). Le Citepa constate qu’après un recul important enregistré en 2023 (-5,8 %), la baisse des émissions ralentit sensiblement en 2024, avec une réduction de seulement 1,8 %. Le baromètre ne prend en compte que les émissions dites « territoriales » selon une approche axée sur la production qui ne retient que les émissions ayant lieu sur le territoire national. Cette approche exclut les émissions de GES générées par la consommation en France de produits fabriqués à l’étranger.
Evolution des émissions par secteur
Le ralentissement de la réduction des émissions en 2024 concerne tous les secteurs à l’exception du secteur de la production d’énergie.
Dans le détail, le secteur de la production d’énergie (31 Mt CO2 éq, soit 8 % des émissions nationales*) fait office de bon élève. Il est le seul à enregistrer une baisse importante de 11,6 %. Cette baisse s’explique essentiellement par le retour à la normale du redressement de la production nucléaire et par une forte production hydraulique.
Les émissions du secteur résidentiel-tertiaire (principalement les bâtiments) se sont uniquement légèrement infléchies en 2024 avec une baisse limitée de 1,1 %. Un des facteurs explicatifs de cette quasi-stabilité des émissions du secteur du bâtiment est la diminution de 40 % des rénovations énergétiques.
L’industrie manufacturière et la construction voient leurs émissions également baisser légèrement en 2024. Le rythme de diminution ralentit en effet passant de -8% en 2023 à -1,8% en 2024.
Les transports constituent le premier émetteur de GES avec 126 Mt CO2 éq émis en 2024 (33 % des émissions nationales*). Cela représente une faible baisse de 1,1 Mt CO2 éq par rapport à 2023 (- 0,9 %). Le secteur ne s’écarte ainsi pas de sa tendance de long terme (- 8 % depuis 2015, soit – 0,9 % par an en moyenne).
(*) hors puits de carbone
Une trajectoire de réduction insuffisante pour respecter les objectifs climatiques de la France
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et contenir le réchauffement bien en-dessous de 2°C, la France a défini sa feuille de route dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) qui a été introduite pour la 1ère fois en 2015 par la loi de transition énergétique et pour la croissance verte. La SNBC définit pour chaque secteur d’activité un plafond d’émission (budget carbone) à ne pas dépasser en moyenne sur la période considérée :
- Le 1er budget carbone (2015 – 2018) n’avait pas été respecté.
- Le budget carbone pour la période 2019 – 2023 (SNBC-2) avait fixé un plafond de 420 Mt CO2 éq l’an. Cet objectif a été atteint.
- Le projet de budget carbone pour la période 2024 – 2028 abaisse le plafond d’émission annuel moyen à 333 Mt CO2 éq. Cet objectif s’ajuste au nouvel objectif européen qui a été rehaussé en visant une réduction des émissions brutes (hors puits de carbone naturels) de 50 % en 2030 par rapport à 1990. Cela implique une réduction moyenne de 4,7 % par an. Cet objectif n’a pas été atteint en 2024 (en première estimation).
Sources : CITEPA Baromètre des émissions mensuelles 28 mars 2025